ALBERS : LE CARRE PARADOXAL

S a manière évoqua celle des constructivistes, Tatline, Lissitzky, Malevich ou Rodchenko et leur tendance à la rectilinéarité. Le dépouillement des motifs fit qu’on l’opposa aux symphonies grandioses de Jackson Pollock ou Barnett Newman. Ses effets d’optique furent associés à ceux de l’Op’art et à Bridget Ryley.
De fait, Albers pratique la peinture en artiste médiéval et entretient avec elle un rapport dynamique éloigné de tout dogmatisme, dialoguant autant avec son public qu’avec ses élèves, dont certains devinrent à leur tour des figures de l’art américain du vingtième siècle.
Pédagogue autant que chercheur, il capte le regard dans un espace simple. Par des jeux successifs de substitution, il révèle l’interaction des formes et des couleurs, quitte à créer le vertige par la variation subtile des métamorphoses des proportions. Captivé par l’interaction des couleurs, le spectateur est convié à voir l’art et la vie. Cette dimension philosophique est intensifiée par l’enserrement dans une forme minimale parfaite.
Cette perfection de la forme transcendée par le parti-pris géométrique entre en écho avec la méthode artisanale, précise, rigoureuse et s’affirme comme le fondement essentiel pour que s’exprime sa liberté d’artiste. Ainsi par la transparence, l’empiètement, les rapports entre profondeur de champ et de surface, se construit la relativité de la valeur chromatique et une atmosphère lumineuse. Cette exploration systématique des possibilités tonales des couleurs, de leur influence et interaction, est indissociable d’une quête essentielle de l’émotion.

Independant, tel fut Josef Albers depuis le Bauhaus jusqu«a Yale. Qu«il cree des meubles ou elabore son « Hommage au carre, il échappe a tout mouvement.

Quatre vers de Josef Albers, dédiés à sa femme Anni, nous livrent la somme de sa création toute de surprises et de lumières infinies :
« l’origine de l’art : le décalage entre le fait physique et l’effet psychologique
le contenu de l’art : la formulation visuelle de notre réaction à la vie`
la mesure de l’art : le rapport entre l’effort et l’effet
l’objectif de l’art : la révélation et l’évocation d’une vision. » Texte de Marie Combes. Ouvrage de référence : Josef Albers Formulation Articulation Auteur : T. G. Rosenthal Format : 32 x 25 cm, 136 illustrations, 167 pages Editeur : Thames & Hudson Prix : 95 euros