Michel-Ange sous le bras. Pas en poche, en B.D

Michel-Ange…..en BD! Impossible, décalé, facile, accrocheur.
Dans le cas de ce livre tous les adjectifs peuvent s’appliquer. Il est des associations audacieuses, mais aucune ne résumera l’ambition de ce livre.

Michel-Ange est une B.D. Le sujet: Tout Michel-Ange in extenso. Telle est en effet l’ambition de ce livre hors normes. Présenter, faire comprendre l’oeuvre peint, sculpté et dessiné de cet artiste de la Renaissance italienne, une création qui s’étend dans ce premier tome de 1490 à 1512, date d’achèvement du plafond de la Chapelle Sixtine.
88 planches, 800 vignettes, des bulles.

De fait si le prétexte est le plafond de la Chapelle Sixtine, celui-ci est appréhendé comme la réalisation préparée par toutes les oeuvres précédentes.
L’illustrateur? Michel-Ange exclusivement, une fois passées la brève introduction qui mêle un exposé d’Hector Obalk à La Géode et une séance de poses « à la Michel-Ange » dans un studio de prises de vues de Saint Ouen.

L’oeuvre? Uniquement celle de Michel-Ange: dessins, peintures et sculptures. De là un dialogue constant et la lecture simultanée de la Casa Buonarroti, du Bacchus, de la Pieta de Rome, du David, du Tondo Doni.
Les vignettes? Dessins, tableaux, sculptures, fresques ou bas-reliefs envahissent les cases soumises à un jeu de plans panoramiques ou d’effets de zoom.
Les bulles? Ici de minces phylactères, reproduites dans un graphie semblant manuscrite, transmettent a minima les analyses du maître du jeu, Hector Obalk. De même les cartouches n’apparaissent que pour fournir le contexte de l’oeuvre évoquée, ou l’enjeu du rapprochement choisi.

Michel-Ange, un ouvrage qui condense la richesse qu’apportent le métissage des techniques et une connaissance raisonnée d’une oeuvre: histoire, B.D, photo, graphisme, recherche universitaire, travail d’archives. Soutenu par l’érudition de l’auteur, illustrée par l’oeuvre elle-même qui est décryptée en confrontant l’oeuvre finale avec toutes les créations précédentes, l’approche est pédagogique sans en avoir l’air. Pas de biographie pesante. Point de bruit, ni de bavardage. La parole en bulles ou en cartouches se limite à l’utile. Le lecteur est confronté à l’oeuvre, au travail du créateur rendu accessible par des juxtapositions de plans, des rapprochements, des vues d’ensemble qui insufflent à cette lecture de Michel-Ange le rythme mesuré d’une appropriation visuelle complète.

Michel-Ange en B.D. sous le bras, et le livre devient un petit musée portatif à parcourir à son rythme, au gré d’une communication exclusive entre l’ oeuvre et soi-même.
Dominique Grimardia

Michel-Ange, Hector Obalk, éditions Hazan, 96 pages